Le château a fermé ses portes pour une grande campagne de travaux qui durera 3 ans. Le parc est toujours fermé suite au passage de la tempête Ciaran. Seul le coeur de site est ouvert à la balade. Nous vous remercions de votre compréhension.

Parcours et artistes
de l'exposition
Where do we go from here ?

visuel nu de l'exposition EESAB. Il s'agit d'une composition dans les tons verts

Amorce de récit, le titre de cette exposition vient questionner, par son double sens, la rencontre avec un lieu, un moment, un paysage. Par cet autre “Il était une fois”, le spectateur est invité à une balade à travers les œuvres de 17 artistes diplômés de l’École européenne supérieure d’art de Bretagne en 2022. L’exposition décline une lecture du paysage en trois temps/espaces :

"Mise en sommeil" est un trait d'union entre les “paysages intérieurs” et les “paysages des songes”.


Paysages d'extérieur

 

François Chemin emploie les outils du graphisme, de l’édition imprimée et du web pour mettre en résonance son travail de l’image, du texte et du son. Par analogie, il traite des enjeux de cohabitation du non-humain avec l’humain, allant jusqu’à déconstruire une vision du monde centrée sur ce dernier. Il adopte alors une posture romantique à travers la déambulation et l’immersion contemplative, le conduisant à l’ouverture sensible aux différentes formes d’altérités.

 

 

Eva Bernard construit à tâtons au fil des prélèvements, des phénomènes perçus, en quête d’une poésie des petites choses. Cette expérimentation physico-poétique de l’ordinaire la fait aller et venir entre les pratiques, entre les supports, entre le relief et le plan, entre faire et laisser faire, faire ou défaire ou bien refaire. Dès lors, l’intuitif s’immisce et la création emprunte le chemin d’une composition rythmique.

 

 

Marie Delaite place l’objet au centre de sa pratique plastique, qu’il soit utile, transformé, rendu magique, protecteur. Du granit breton taillé en caillou-diamant pour se repérer en passant par le manche à balai couvert d’écailles pour balayer les incendies, ces objets sont autant de témoins pour nous préparer face à l’incertitude des temps actuels. Le vivant s’immisce avec ses qualités: enveloppement, nourriture, source d’énergie. Les objets et le vivant rassemblés permettent à la jeune artiste d’appréhender l’état du monde, d’accueillir les héritages et d’inviter à oser traverser le brouillard.

 

 

Kim Le Gal est attentive et sensible au mouvement. Par un processus de production gestuelle et rythmée, elle se met en scène. Elle dessine un mouvement dans l’espace, le transforme, l’efface ou en garde trace. D’une matière palpable, elle crée un jeu d’assemblage, une scénographie, un accessoire dansé, support de chorégraphies. Plus tard, elle confronte cette création au paysage, in situ. Ses vidéos-performances appellent à prendre le temps, faire un pas de côté.

 

 

Mérovée Dubois a pris pour habitude de travailler hors de l’atelier et d’arpenter d’autres territoires qui deviennent la matière de ses recherches-créations. L’observation, la marche, la rencontre, la récolte, l’apprentissage, l’écoute sont des étapes récurrentes et nécessaires à son processus de création. Il travaille par interactions avec les territoires jouant des échelles et des temporalités. Par ses gestes, actions et interventions, il s’invite dans les pratiques locales, les histoires et l’Histoire des paysages des lieux investis. Cette immersion sensible réarme la nostalgie enfantine et naïve de la découverte. Il répond alors à ces territoires bavards à l’égard de leurs matières - tant matérielles qu’immatérielles - par des propositions plastiques, sonores et performées convoquant les enjeux qu’il souhaite partager.

 

 

CORDINA emploie la matière pour émettre un récit. Il fabrique de faussesreliques de matières brutes, des échos incomplets que l’imaginaire veut combler. En croisant les médiums (céramique, textile, performance, musique, image), il raconte une réalité en pleine submersion. Une disparition en cours qui motive la célébration des évidences : le cour d’une rivière épargnée par l’assèchement, la fraîcheur de sa terre, la ténacité du vivant… Ses productions sont autant de tentatives d’invoquer ces moments suspendus cachés dans la sincérité de la matière, dans le mouvement des saisons, dans les imaginaires silencieux.

 

Paysages d'intérieur

 

Isabella Reyes explore l’habiter. Elle cherche à établir un dialogue entre la maison du passé et celle du présent, en y décelant les marques du vécu. A travers sa démarche, elle imagine des lieux qui nous tendent les bras, qui nous accueillent. Ils prennent la forme de céramiques, véritable jeu de construction des possibles, et d’installations où dessins ajourés et matériaux souples entrent en relation avec la lumière, créent un nouvel espace à habiter pour le spectateur, au seuil du réel et de l’évocation.

 

 

Marie Boyer agence, par la peinture, une pluralité d’images cueillies sur les réseaux sociaux, dans des bouquets picturaux où le Kitsch côtoie le sacré, où les natures mortes et scènes de genre viennent travailler une iconographie d’ordinaire consommée compulsivement. Ces rencontres et déplacements s’opèrent à la lisière du « mauvais goût » et de la peinture de salon, les empâtements et la texture croûteuse confèrent à ses tableaux un statut ambivalent aussi écœurant qu’attirant. Dans cet écosystème de signes luxuriant déployé par l’artiste, des bouturages ou des greffes s’opèrent : une peinture s’additionne à une autre, un cadre de fleurs vient hybrider une toile, des formes et des couleurs trouvent un écho dans des volumes. Ce mouvement de contamination fait proliférer son travail et installe entre ses pièces un dialogue silencieux.

 

 

Margaux Daniel aime à s’imaginer jouer une partition lors du naufrage du Titanic. Ici, point de navire mais plutôt un monde à la dérive. Alors que la consommation galopante semble nier ce naufrage, elle tente de nous accompagner, calmement, par une sorte de consolation, de compensation, pour ne pas dire de soin palliatif. Partant d’objets en bout de vie, délaissés dans les structures de réemploi, elle imagine alors : faire avec, porter attention et prendre soin. Ces objets « memento vivi » nous rappellent que nous sommes vivants, en contre-pied de l’antique « memento mori », symboles de la vanité de la vie.

 

 

Romane Subtil questionne l’intimité matérielle et corporelle dans les espaces domestiques décloisonnés. Elle propose ainsi, avec une approche singulière, une vision poétique de la pudeur inspirée par les couleurs et les mouvements perceptibles à travers le prisme de matériaux translucides. Le filtre visuel est l’élément principal de sa réflexion avec lequel elle décline les usages.

 

Mise en sommeil

 

Alix Cantelaube plonge dans les souvenirs, les histoires entendues ou les projections mentales à partir d’éléments anodins. Ces pensées sont matérialisées en peinture. Que cesoit dans la construction d’une image fictive ou la reprise d’une image existante, elle passe par une étape de recherche proche de l’enquête. Le désir de reconstituer une expérience personnelle est une première étape et se mue ensuite vers une volonté de rendre la peinture accessible, parlante en ajoutant des clins d’oeil à l’histoire de l’art et aux mythes populaires.

 

Paysages des songes

 

Maldon Guihard accorde de l’importance aux gestes, ceux de la survivance et de la sensualité. Il adopte le statut de récitant par la performance dansée. De là, il interroge les principes d’identité, d’héritage culturel et de mémoire à travers une histoire des représentations queer et métissées. La partition de ses performances se tisse avec les pratiques de l’enregistrement par la vidéo, le son, l’image et de l’installation.

 

 

Eloïse Diboine se travestit en personnages fantasmés issus d’une culture populaire, figés dans une attente permanente ou dans des mouvements répétitifs. Observatrice des objets perdus, des résidus et des espaces abandonnés, elle rassemble personnages de fictions et traces d’un passé révolu dans des vidéos et des photographies, où le kitsch décomplexé et la mise en scène burlesque viennent dialoguer avec la gravité du temps qui passe.

 

 

Jeanne Neveu aspire à donner un nouveau regard, une nouvelle lecture des choses, des objets ou des actes simples de notre environnement quotidien avec, comme langage, une utilisation sensible des textures, des couleurs et des formes. Par ses recherches sur le sujet des fleurs, elle étudie notre rapport à elles, si fort est-il, se rattachant à de nombreuses symboliques ou rituels. Au fil de sa création, elle souligne combien leur omniprésence entraîne parfois une absence de regard sensible et/ou critique à leur égard.

 

 

Juliette Prioult observe la faune et de la flore puis fait glisser leurs représentations vers le fantastique. Les insectes et animaux de notre monde semblent issus d’un univers imaginaire où leurs robes trompent, séduisent ou bien piègent. Elle s’inspire du mimétisme protecteur de certaines espèces, tel que le camouflage et le leurre, par accumulation d’un motif ou par une variation d’échelles. Tout change, se recompose, se transforme et se mute. Confrontant l’abstraction et la figuration, elle apporte une double lecture à ses toiles. Entre réalité et cauchemars, ses peintures aux formes et textures hypnotisantes nous plongent dans une sensation de malaise et nous invitent à voyager dans un autre monde au paysage étrange empli de créatures comme sorties d’un rêve.

 

 

Aûbe travaille la vidéo comme une tresse de pixels tendue entre la fiction et le réel. Les écrans deviennent des ponts, des portails aux intentions créatrices qui proposent la fiction comme espace habitable de guérison. Ses images sont pensées comme des autels, des sanctuaires pour forêts imaginaires qui invitent à habiter un espace de rencontre- fusion avec le végétal, d’alliances symbiotiques inter-espèces permettant d’accéder à un autre mode d’existence, celui des plantes, des bulbes et des rêves, d’éclosions en floraisons. Son travail est de faire exister dans nos réalités des images comme des fantômes, où viennent se mêler les ruines d’un ancien monde et les bourgeons de nouveaux futurs possibles

 

 

Emma Savary sillonne la frontière ténue entre la matérialité et la virtualité, dans une ère où le développement technologique ne cesse de croître. Oscillant entre ces deux mondes, sa pratique se veut phygitale (de la contraction entre les mots « physique » et « digital ») et permet aux formes de passer d’un médium à l’autre et de se répandre au gré des supports. S’opère alors un jeu de déplacement, de virtualisation des formes et de mise en forme de l’image. C’est un voyage d’un état de matière à un autre, ancré dans un monde de rêverie et dans un paysage virtuel.